LES HOSPITALIERS

Les Hospitaliers restaurant Le Poët-Laval – Un des plus beaux villages de France selon les as du référencement touristique: on les croit volontiers! Remparts, vieilles pierres, Commanderie de Malte et départ du Chemin des Huguenots. Bref! La magnifique terrasse est dressée. Un peu de monde ce soir. Accueil de type « Vous n’avez pas réservé? » Je vais voir si c’est possible… Au bout d’une discussion à voix basse considérable de gravité stratégique entre serveurs et direction, c’est oui. On a une sacrée chance. Ce soir, carte réduite. Ah. J’apprends que « le chef n’est pas là » alors la direction réduit la voilure.

Mais pas les tarifs. Menu-carte 47€ décliné en formule à 36€. L’option fromage amène à 54€. Quand même. Rhétorique de la maison: « nos produits de base sont choisis en fonction de leur fraîcheur et de la saison. Nous apportons une très grande attention aux cuissons appropriées de manière à conserver la saveur originelle des aliments. » Adresse appréciée par le Gault et Millau et le Michelin. Ont-ils mangé? Si oui ont-ils payé le repas? ça m’étonnerait! Le mensonge organisé des grands guides continue! Bref! Seule entrée présente: la farandole de tomates anciennes et concombre en brunoise, caviar d’aubergine épicé, crumble au parmesan et ail noir. Joli, on peut pas dire. Précision des découpes. Le problème est que ça n’a le gout de rien, c’est-à-dire de flotte, même avec le pesto improvisé au fond. L’ail noir que j’attendais est absent. Du coup, je sale et compagnie. 16€ et 12/20. Deux plats possibles dont bonbons de thon Albacore au basilic et tapenade à l’olive de Nyons, tatin de tomates anciennes, sauce crevette grise. Comme trois makis de thon banal froids et farcis de fromage type mozza, tapenade noire, basilic éteint. Bavures flotteuses de « sauce de crevette grise » mais c’est normal: l’intitulé précise qu’il est fait avec une unique crevette grise. La tatin renifle dru le vinaigre. Fenouil confit extra! Assiette froide aussi, mais c’est peut-être normal. 11/20 pour 32€: du délire. Prix affolant pour ce que c’est: poitrine de porc du Mont-Ventoux cuite à haute température, sauce au chocolat et truffes Tuber Aestivum. Truffe cosmétique et sans gout pour faire riche. Viande confite extra, sauce adroite, légumes frais bien travaillés au beurre. 14/20 et 32€ boing. Unique dessert sinon le fromage blanc à 11€: crémeux yuzu et duo de mousses noire de blanche, noisettes sablées, sorbet pêche-abricot. Joli travail, sablé qui joue le jeu, chocolats toniques. Sorbet initial remplacé par un sorbet framboise sans qu’on vous en informe. Toutes façons les touristes n’y comprennent rien, on leur fait bouffer n’importe quoi à n’importe quel tarif. 14/20 et 16€ le dessert mes frères! Seize euros! Du délire!

Service de deux jeunes sympa en tenue classique qui se démènent. Fixé à la stricte prise de commande et à la CB de fin de partie, le patron les rabroue en salle devant le client. La classe. Il en a marre, vivement qu’on ferme pour l’hiver qu’on ne voit plus ces tronches de touristes radins et d’employés trop payés parasiter la panorama. Bref: ordinaire, très hôtelier, qui s’évertue à nous faire croire à originalité. Affaire pour ambition de pognon, thune et pépètes.