LE BOUILLON DES GOURMETS

Le Bouillon des Gourmets restaurant Tourves – Du (très) sérieux à l’écart de tout, vous savez comme on adore repérer le planqué. Avec Mauricette, une fois encore nous entrons dans cette salle bien remplie, en semaine et en hiver. Balèze Blaise.

Beaucoup d’habitués du 1^er jour (en 2020) et quelques attablés qui vivent un baptême du lieu. Dans cette chaleureuse ambiance, un couple s’étonne de ne jamais être venu ici. Un tas de connaissances viennent se régaler chez Laurine Galizzi et Dan Colin, dans leur maison. Dans son infinie sagesse et en levant son index péremptoire, la dame au chapeau vert dit souvent: « derrière les fourneaux il n’y a plus d’ami qui tienne ». En effet: les amis sont les 1^er à juger: comme les autres clients, faut pas les louper! Bref! Chaque semaine l’ardoise se renouvelle et plébiscite des recettes qui résonnent souvent classique en évitant avec insistance le banal. L’an passé, on s’était culbuté une demi-queue de langouste et sabayon au Monbazillac, une caille farcie au foie gras, un turbot avec risotto Vénéré et jus au Champagne. Cette fois-ci nos appétits déroulent le tapis au « foie gras mi-cuit » qu’on se partage équitablement en fonction de notre masse corporelle: 75% pour Mauricette! Terrine un peu froide, mais grand plaisir avec le pain rustique de l’artisan-boulanger Granger du village! 15/20 et 14€. On mesure plus encore les cuisiniers avec joue de cochon, oignons grelot, jus. Jus dense au fond de la creuse assiette. Comme un rituel pioché à chaque bouchée: un morceau de viande confite avec un oignon grelot, trempage dans le jus et hop dans la hotte! Elle a répété le geste jusqu’à la sentence finale: 15,5/20. Dans le cadre de mes pérégrinations de cobaye, je suis blasé du saumon à la cuisson massacrée et des St-Jacques toute l’année cuisinés par des tambouilleurs qui cuisinent avec un tractopelle. Alors quand j’ai lu pigeon façon Wellington, écrasée, jus, je ne pouvais pas refuser la proposition. Ça change des platitudes habituelles non? Recette ici un peu divergente de la classique mais je ne m’en plains pas! Le gros bonbon de pâte feuilletée proprement éventré en deux par un redoutable couteau révèle les filets du volatile bien rosés, lisible farce rustique: épinard, foie gras et champignons. Je me suis fait reluire le plaisir comme pas souvent y compris en rognant les gambettes confites du pigeon! Une cuisine qui se passe de mots, mais faut bien que j’explique! 15,5/20. Le service déroule heureux par nature dans sa mission, grâce aussi aux clients parfois acquis à la cause. Un sacré bon bistrot fin et roboratif à souhait, pour tous les gouts sauf si vous suivez un régime à base de petits pois en marinade de brocoli cuit à l’eau d’Évian. Courte mais maligne possibilité d’escalade du bouchon y compris au verre.

Nos jeunes cuisiniers nés à Rougiers, village voisin, ont bien grandi depuis les bancs de la maternelle où ils se fréquentaient, un beau roman, une belle histoire. Pas assez de place pour évoquer leurs CV, relisez les anciens numéros du Bouche à Oreille.