LA TORTUE

La Tortue restaurant Toulon – Largement délaissé par nos services de cobayes courageux mais pas téméraires, le port de Toulon retrouverait-il des couleurs? En zieutant la brochette d’ardoises avec les plats du jour des restaurants du quai, si certains ne perdent pas les mauvaises habitudes (le filet de panga, une horreur), d’autres s’efforcent de tirer vers le haut. C’est pas nous qu’on va se plaindre! Exemple positif avec La Tortue, vieille maison reprise voilà peu.

Alors bon. Accueil un peu triste, comme blasé par l’exercice obligé. Les équipiers de salle sont toutefois complices, se taquinent, échangent un peu fort, les cuisines aussi, tout ce monde s’active: une brasserie en somme! 5 entrées de 8€ avec un original éclair de pomme de terre et hareng à 14€ pour un club sandwich à partager. Je craque pour le pâté en croute maison. On ne se refait pas. Aïe… Sans gelée, croute molle, terrine intercalée au cœur d’artichaut. Il est fade, triste, en fin de vie. Le pâté en croute c’est comme un sushi ou un macaron: s’il est moyen, c’est un ratage. Pour le motiver, la moutarde en sachet était une solution de situation: on me refile une moutarde sucrée américaine comme une mayo qui renifle l’estragon. Le mesclun de salade fait du volume, l’unique cornichon est bien le seul à mettre du piquant dans l’assiette. 12/20. 8 plats à la carte de 19€ (tartare de bœuf) à 27€ pour l’entrecôte en passant par le paleron confit, filet de daurade, pâtes aux calamars persillade, risotto… j’ai préféré la créativité du plat du jour mes amours! L’intitulé bavard se regarde dans un miroir: filet de lieu noir poché, purée de céleri, légumes écume à l’infusion aux épices enchantées. Ben dis donc coco, la fumette n’est pas loin. Assiette (brûlante) et sous le pif, on s’y perd un peu. Un nuage d’espuma (on ne fait plus ça depuis 20 ans) recouvre tout sans vraiment enchanter malgré la promesse annoncée. Poisson frais et dodu, il s’effeuille agréablement. Un tas de légumes en graines (févettes fraiches) ou en brunoise (le reste) non assaisonnés, comme cuits à l’eau, une purée de céleri flotteuse radine en gras, or les racines régalent si le cuisinier utilise beurre et crème. Sinon, faut être un strict vegan pour aimer souffrir en mangeant. Bref! Assiette toutefois volontaire, inspirée de la cuisine fusion asiatique. 16€ et 13/20. Je suis un peu triste, la direction fait visiblement d’énormes efforts pour proposer une cuisine de qualité mais pour le coup, ça tombe à côté.

La direction affichent ostensiblement les autocollants du Petit Futé qui ne mange pas dans les restaurants, des Tables et Auberges de France qui ne mangent pas non plus dans les restaurants, et affiche même être « disciple d’Escoffier » le club des cuisiniers cooptés qui se regardent le nombril en se caressant la toque. Vous ne verrez pas l’autocollant du « Bouche à Oreille » qui lui, mange dans les restaurants dont il cause. Toutefois et malgré mon expérience un tantinet boiteuse, allez-y sans tortiller du pif, histoire d’encourager ce type d’initiative qualitative sur le port.