QUAND BÉRARD JOUIT DES LARGESSES DE PÉRICO LÉGASSE
On l’aime bien, le préposé à la critique gastro de l’hebdo « Marianne ». On reconnaît que ses articles ne manquent pas d’intérêt. En témoigne son combat contre la disparition du Camembert au lait cru qui l’opposa médiatiquement à Lactadis et le lobby de l’agroalimentaire. Le problème est que malgré son statut de « rédacteur en chef » de la rubrique « consommation » de Marianne, Périco Legasse n’échappe pas aux défauts habituels des journalistes gastronomiques. Comme beaucoup, il profite de sa notoriété pour nous faire passer un abrupt publi-rédactionnel pour une plaisante info. Ainsi « L’Hostellerie Bérard » de la famille du même nom profite des largesses du plumitif Périco. Maison varoise bénéficiant d’une étoile au Miche (tombée du ciel), tête de gondole des Maîtres-restaurateurs varois et surtout, un réseau bien huilé (huile d’olives) d’amis bien placés pour faire sa promo. Var matin, le supplément télé et d’autres: les coups de pub gratos des copains ne se comptent plus sur les doigts des deux mains. Alors que jamais les « sans grades » de la tambouille varoise n’ont autant souffert économiquement que ces années 2007-2008. Bouche bée et mirettes en points d’interrogation, nous avons exploré « l’article » de Périco Légasse qui nous la joue fayot de la plume et ronronnant du verbe.
Page 96 du Marianne 581 du Marianne du 7 au 13 juin 2008: une page entière pour un article cire-pompe pour vanter la cuisine du grand Bérard et son Spa. « C’est bien là le génie de l’endroit, rassembler sur un périmètre aussi réduit une telle somme de jouissances… ». Périco Légasse nous parle d’une des 7 merveilles du monde? Mais non! Pas d’erreur! Il nous parle bien de l’hostellerie Bérard et de son aromaspa. Encore: une couche: « ici on a le soleil, la tomate, le sourire de la patronne et tout un dédale de délices dans lequel il suffit de se perdre ». Décidément, la famille Bérard a tapé dans l’œil de notre intègre journaliste. Un peu plus d’excitation verbeuse, il deviendrait le Baudelaire du cirage de pompe! Gaffe Périco! La lèche des grands de ce monde, c’est chasse gardée de Gantié dans le Var! Pour être sûr que le lecteur pigera que Bérard c’est super, encore un p’tit coup: « une histoire de famille, tel est souvent le secret de la réussite hôtelière française, dans laquelle chacun écrit sa page. Mère et fille animant l’hôtel et le spa, père et fils s’activant en cuisine ». Il ne manque plus que la musique de « la petite maison dans la prairie » pour vivre pleinement l’émotion. Bref! De là à penser que le journaliste d’investigation Périco profitât à tarifs préférentiels des largesses de l’hostellerie, ya pas loin! Ou alors Périco fut tout simplement ébahi devant le génie de la famille Bérard. Faudra nous dire quand, qu’on y soit aussi! Car selon nos infos, les sourires de la patronne en salle, c’est quand la carte de visite du client a du répondant.
La conclusion nous emplit d’allégresse: « Les Bérard chassent la faute de goût, traquent l’inélégance, déboutent l’incohérence. Ce sont des gens simples. Ils se contentent du meilleur ». Que Périco appréciât l’endroit, tant mieux. Mais faudrait pas non plus nous prendre trop pour des billes. Même le plus crapuleux des journalistes n’oserait pas faire passer un article de ce type sous maquillage d’info. Rien d’autre qu’une publicité déguisée. Cerise sur le gâteau confirmant nos allégations. A côté de la prose lécheuse, un texte mignon de l’adjectif sur la brasserie ailleurs dans le village « le petit jardin » qui appartient aux… Bérard! Tiens donc? Et puis encore: une (autre) photo et encore des mots doux. Pour qui cette fois? Les thermes de… Bérard! « Aromaspa » que ça s’appelle! La boucle est bouclée! Trois papiers, une méga-promo de l’ami Périco! Vous savez peut-être qu’à 70 ans, Jean-Pierre Coffe vient de prendre sa retraite de France-Inter. Périco Légasse prépare la sienne en Provence.
Olivier Gros et Damien