Nos amis les guides, avec aujourd’hui :
LE GUIDE GANTIE !
J’ai 10 ans. Pas moi, mon bébé, le Guide Gantié. Il est beau hein ? Fait son poids. Plus de 800 tables référencées, au moins 800 guides de vendus, c’est toujours ça de pris. De toutes façons, pas bien grave si peu de gens le connaissent, mon pavé. Pour me lire, faut me mériter. Surtout, éviter d’être populaire. Mais je veux bien être connu. Alors, je suis multicarte de la plume dans le groupe de Nice-Matin : économie, politique, culture, gastronomie… et même parfois les 4 en même temps ! Démonstration : Bruno de Lorgues. Economie régionale, culture provençale, des « politiques » déjeunent chez lui, et gastronomie. Ben oui, un peu quand même. C’est vrai, je l’aime bien, Bruno.
Bref, excepté un livre de temps en temps, je concocte mon guide Gantié à moi d’un côté et de l’autre, Gantié loue sa plume très académique au groupe Nice-Matin. Economiquement, très confortable, je vous assure. Mais parfois, j’ai du mal à me rappeler ce que j’écris. Ainsi, j’ai souvenir d’avoir égratigné « Le moulin du Gapeau » d’un côté et de l’avoir encensé de l’autre, hihi ! pas vu pas pris ! C’est comme. J’ai qualifié le « restaurant du Rivage » à Fabrégas, alias « Chez Daniel » à La Seyne, de « caboulot ». Autrement dit, un « café, cabaret mal famé », selon Le Petit Robert. Qui n’est pas non plus le Grand Gantié. Je sais pas ce qui m’a pris. On devrait toujours avoir un dictionnaire sur soi, même moi. Je pourrais toutefois donner des leçons d’écriture à beaucoup de guides vulgaires, mais vulgaaaaires !
Quoique modèle de rigueur, ça ne m’empêchera pas de m’emmêler le stylo, comme entre « Auberge de Cheval-Blanc » et « Auberge du Cheval Blanc », deux restaurants différents. Ça arrive aux plus grands, je sais de quoi je cause. Comme je sais aussi avoir référencé dans mon guide au moins une crêperie. C’est bon une crêpe, non ? Surtout quand c’est la fille cadette de l’ami Guy Gedda qui la fait : « Lou cantoun de Mireio », Bormes-Les-Mimosas ! Ah oui, aussi : il me plaît à croire que je suis l’antichambre des michelinisables, un petit peu. J’aimerais tellement avoir le monopole de la pensée gastronomique dans la région.
Et puis le Michelin, sont propres sur eux, au moins. Fréquentables. Pas comme le Bouche à Oreille, ce brûlot. Remarquez, ils ne mâchent pas leurs mots. Eux et moi, on a pourtant deux points communs : un fort attachement à la cuisine de Paul Bajade, et l’utilisation des mots pour dire. Seulement voilà : moi, je préfère la touchette sentencieuse, la pique ajustée, au pire l’estocade élégante. L’élégance. C’est important, l’élégance. Comme l’humour. J’aime bien mon humour. Il n’y a pas des styles, il y a un style : le mien. Et puis, faut l’avouer, je sais pas me lâcher.
Ça se voit, non ? Quand on fait partie de « l’establishment » comme moi, faut savoir se tenir. Pssst ! Approchez votre oreille : confidences pour confidences, y a bien des gens que je ne peux pas blairer, mais faut surtout pas se fâcher avec, vous comprenez. Bon, allez, faut vite que j’aille à Nice-Matin. J’ai un papier à faire dans la rubrique restos pour le supplément télé obligatoire du journal du samedi. Mais j’ai pas d’idée. Voyons…. tiens ! Bruno de Lorgues. Ouais, ça c’est original !
Olivier Gros