MANGER TUE !
Dans le numéro 866 de « courrier international », on en apprend de bien bonnes. Il parait que manger tue ! ça fait le gros titre de la une. Gros mangeur, j’ai cherché à lire le papier intérieur. Pour le plaisir de savoir pourquoi j’allais mourir tout en réalisant l’acte essentiel qui me tient en vie. D’un côté, y a un impérieux besoin de manger, de l’autre, il vous tue. A vous de voir, de choisir votre mort. A l’intérieur, il y avait plusieurs papiers, un véritable dossier avec plein de titres. Je vous en donne quelques uns : « Accro à la malbouffe », « les extrémistes du régime », « la peur des procès ébranle la restauration », et « le grossier mensonge des industriels », sans compter le « péril gros commence à la télé vision ». Quand j’ai fini sa lecture, pénible et laborieuse, j’étais sonné, KO debout.
Le sentiment que quoi qu’on fasse, qu’on mange, qu’on ne mange pas, on devient extrêmement mortel. Et que si on échappe à ces variétés et innombrables maladies comme le cancer, le sida, la sclérose en plaque qui nous guettent tapies dans l’ombre, on est encore en danger tout en étant en bonne santé. On vous dit que la viande rouge contient des protéines mais en même temps que c’est mauvais pour la santé, qu’il y a des risques, mauvais pour le stress, les articulations, le cholestérol, que c’est trop riche en calories. Aux Etats-Unis les procès commencent a pleuvoir dru contre les chaînes de restaurations rapides.
Après la guerre du tabac, les obèses voient là une opportunité de se battre contre les industriels du Hamburger comme si c’était le grand coupable de l’obésité. Il n’est pas loin le temps où on va accuser la télé de tous les maux, de sédentarité, de grignotage et par conséquent d’obésité. Il faut prendre l’argent là où il est. C’est bien connu que le coupable, c’est toujours l’autre. Le grignotage permanent d’une journée ordinaire d’un américain ne connaît pas encore le grand responsable. Pour l’heure le pauvre américain, victime de toutes les calamités terrestres, l’Irak, la malbouffe et la surnutrition ne connaît pas encore le responsable de ce vice qu’est le grignotage.
Le jour où il trouvera, il attaquera. Des légions d’avocats se tiennent prêtes. Selon mes conseils, en attendant, il devrait essayer un centre de guérison nommé Bengladesh. Très efficace à ce qu’on dit contre l’obésité. Et pas cher du tout ! Deux mois seulement de ce centre aéré et tout rentrerait dans l’ordre. L’office de tourisme de ce pays devrait même faire de la pub aux Etats-Unis pour le bouffeur de crème, de hamburger et de pop corn. Le mode de vie de ces sauvages qui ne connaissant rien de tout ça, pourrait bien changer leur vision de la nourriture. Voir à longueur de journée déambuler des squelettes vivants devraient leur être bénéfique. Voir une fois ou deux, mourir un enfant la gueule ouverte dans l’espoir de recevoir un peu de nourriture doit être une thérapie sans équivalence !
Pas de viande, donc pas de hamburger. Pas de pop corn ! pas de graisses inutiles ! Que du poisson et encore quand les étals le veulent bien ! Et le poisson, c’est non seulement pas nuisible à la santé mais ça ne fait pas grossir. Pire ! ça contient du phosphore ! les fruits et légumes regorgent. Pour le cancer du colon, c’est comme un remède ! Et il devrait mettre à leur retour un post-it sur leur frigo, avec ces chiffres inscrits dessus : 840 millions de personnes ont faim dans le monde et dans ce même monde vivent 300 millions d’obèses. La question est de savoir dans quel camp vaut-il mieux se trouver. Ou aider ceux qui vont mourir de faim en offrant quelques calories en trop ? Ou se trouver dans le camp de ceux qui manquent de calories ? Ou en mourant en même temps !
Paul Bianco