Les égos du goût
A propos de la semaine du goût :
A quoi ça rime que des « chefs » viennent s’afficher ostensiblement dans les écoles, sauf à dégager les bronches de leurs égotiques personnalités ? C’est dans l’intérêt de qui ? Des enfants ? D’accord, tout ce qui va dans le sens de l’éducation est bon à prendre. On va pas faire la « fine bouche », on la fait tous les jours au resto. Mais quand même. Quelle vision de la cuisine peut avoir un enfant de 6 à 10 ans, lorsqu’elle est véhiculée par un immodeste entoqué, non représentatif de la diversité des « professionnels de la profession » ? Une vision élitiste. Zut alors ! A quoi ça sert qu’on m’annonce « l’égalité des chances » à l’école, si le monsieur qui m’explique » la cuisine » divulgue du fait de son intrinsèque condition que seuls les Mozart de la marmite et de la casserole, les élus divins du jus et de la sauce seront des vrais « »chefs » ? Hein ? Et ben figurez-vous que du coup à la maison, j’ai remarqué que maman n’était pas vraiment « douée ». Et que le lamentable terminal de cuisson faisant office de cantine, encore moins,mais je le savais déjà. Pour toute matière et en particulier les arts, l’accès « à la discipline » à l’école doit éviter d’être restrictif. Le positionnement social de la famille se charge de l’être le reste du temps, faîtes-lui confiance. Si l’enfant vient à considérer que pour être cuisinier il lui faut nécessairement un talent fou, on se fout de son épanouissement. D’ailleurs, une des conséquences est qu’aujourd’hui les patrons-restaurateurs manquent de personnels « motivés », car souvent en décalage avec l’idée première qu’ils se font de leur métier. Evidemment, il existe des cuisiniers talentueux et d’autres qui ne le seront jamais, même en payant auprès de « grands chefs » spécialistes de la crème anglaise en brick industrielle, des stages bidons facturés jusqu’à 4000 f la semaine. J’ai les noms. Passons. Mais faut pas que du « talent « , faut de l’envie pour bien faire un métier, y compris celui de cuisinier. De nombreux chefs du genre discret ont démissionné de la « semaine du goût ». D’autres ne s’y sont jamais engagés, pressentant l’OPA sur l’opération concoctée par quelques matuvus habituels. C’est dommage. Leur vision de la pédagogie et du métier qui les passionne est très différente de celle des « têtes de listes » affichées. En conclusion, le cuisinier présent lors de la « semaine du goût » ne représente que lui-même, et non sa profession. Ce ne sont pas « les cuisiniers », mais une vision personnelle. Qu’il puisse intègrer cette opération dans sa propre promotion commerciale et qu’il vienne se fabriquer une « bonne conscience » à l’école, c’est son problème, suffit de le savoir ! Ben oui ! Je cautionne de mon nom la manifestation, et je me fais prendre en photo en caressant les cheveux des p’tits nenfants. Forcément, c’est important de caresser les futurs clients dans le sens du poil.
Olivier Gros