« Pour votre information, depuis la reprise de cet établissement il y a six mois, nous sommes à ce jour : +39,5 % pour la restauration et +41 % pour l’hôtellerie ». Ainsi commence la lettre doléante et justificative de l’hôtellerie de l’esplanade à Rians. Une preuve irréfutable de la qualité des prestations de l’établisssement. Reste à savoir de quel niveau ils sont partis. Niveau zéro ? Au quel cas la progression du chiffre devient toute relative. Donc, pas de quoi en faire un contre argument à notre mauvaise critique. Mieux ! on nous sort l’éternel livre d’or où les clients se croient obligés d’écrire des fadaises parce qu’on leur tend ce bouquin gênant, une sorte de patate chaude dont on veut se débarrasser au plus vite parce qu’en général on doit trouver la formule qui doit traduire exactement le contraire de ce qu’on pense et qui devient un recueil à hypocrisies, car le béjaune du coin ne va pas se transformer en pourfendeur de la cuisine du chef ou critique gastronomique. Personnellement, je n’ai jamais lu une critique négative sur un livre d’or. On fera bien le procès du restaurant avec son beauf’ chez soi, confortablement assis entre le fromage et le dessert le samedi soir, tout en ayant écrit sur le livre d’or que la blanquette de veau était une des meilleures de la région, aussi bonne que celle que faisait sa grand-mère quand il avait 15 ans. Mais en aparté, on a la dent plus dure et la diatribe plus facile. Un livre d’or c’est fait pour ça, pour flatter l’ego du chef et recueillir des contrevérités car s’il en été autrement, le chef pourrait lire quelques bizarreries caustiques qui ne l’enchanteraient pas forcément, de celles qui donneraient un sens à ce fameux livre qu’on nommerait livre rouge. Ou noir, ça dépend son contenu. Là, en l’occurrence on pourrait l’appeler le livre blanc. Et figurez-vous que le nouveau patron de l’hôtellerie de l’esplanade nous a transmis en photocopies la valeur d’un bottin. Il a dû faire du porte à porte ma parole ! bref, on ne savait pas qu’il existait autant d’hypocrites sur terre. En tout cas, ce que j’ai envie de dire à ce monsieur, c’est que dans notre rôle d’informateur, on ne se fie à personne, ni aux rumeurs, ni aux « livre d’or », ni aux chiffres d’affaires en augmentation, ni aucune autre billevésée, on va chercher l’info sur place, dans l’assiette par nous même, on paye, on enregistre et on écrit. Si c’est bon, on le dit. On n’a pas besoin du livre d’or. Si c’est mauvais, on s’en tape le coquillard du chiffre qui grimpe, notre stylo n’a besoin que des notes prises au cours du repas. Autrement ce serait le guide des « livre d’or ». Ce serait chouette et plus économique, on aurait plus besoin d’aller au restaurant. « Mais comme disait un critique gastronomique (il ne cite personne), il est très difficile de juger un établissement sur une fois », poursuit-il de sa belle écriture. Pourquoi, il faut revenir combien de fois pour enfin faire un bon repas ? une fois, deux fois, trois fois ? Quand vous achetez une chemise, vous n’en achetez pas trois pour en avoir une seule qui vous va. Une suffit. « Surtout ne plus faire paraître d’articles nous concernant (sous réserve de poursuites) ». Comme si on avait besoin d’autorisation pour donner notre avis. Comme si on avait besoin d’imprimatur sous le contôle des agents fliqués des restaurateurs critiqués ! Y a belle lurette qu’on n’existerait plus ! et qu’on ne serait plus en démocratie ! Voilà encore quelques lignes vous concernant. On attend vos poursuites. Les menaces chez nous, ça nous excitent !
Paul Bianco