L’ASSIETTE PROVENÇALE DE SIX FOURS
En matière d’incongruités on croyait en avoir vu assez pour ne plus être étonné. Et pourtant ! on n’avait pas prévu, on n’avait pas envisagé « l’assiette provençale » de Six-Fours, nouveau venu dans le petit monde de la « casserole ». Ça commence par le téléphone. Désireux de retenir, je commence à 8h du matin. Ça me semble raisonnable pour une réservation dans un restaurant qui commence normalement sa mise en place, sa préparation. Personne au bout du fil. Je recommence à 8h30, rien. 9h rien. 9h30 encore rien. 10h toujours rien. 10h30, rien de rien. 11h, ouf, ça répond. Une voix d’homme qui n’a pas l’air aimable, une voix bourrue. Je demande jusqu’à quelle heure on reçoit au service de midi. 13h, me dit l’homme à la voix bourrue. Ah, bon ! ça fait tôt ! Ils ouvrent à 11h et ferment à 13h ! Pour les 35h il n’y aura pas de problème. On pourra même passer allègrement aux 30h ! Bref de bref ! à 13h tapantes on débarque, un peu inquiet et toujours la mine de circonstance, c’est-à-dire enfarinée ! Des serviettes timbre poste trônent au milieu de pas d’accueil. Mieux ! le patron en tenue de chef fume. Il n’y a pas de fumée sans feu ! Tant bien que mal on s’assoit. Que peut-on faire d’autre ? La carte des vins se résume à un pichet et un « mont Caume ». On avait raison d’être inquiet. On commande un « mont Caume », on nous l’apporte débouché. Ça fait un pichet bien habillé. Léa recrache dans son assiette un gros morceau de plastique coupant. Heureusement elle ne s’est pas blessée. On le fait remarquer à la dame qui nous sert ; elle nous répond qu’elle va interroger le chef. En attendant on poursuit notre errance. 5 minutes, 10 minutes ; pas de réponse. La dame est pourtant ressortie de la cuisine, plusieurs fois. mais pas d’explication, pas d’excuse. Le chef sort également de sa cuisine, va discuter à une table voisine, le mégot aux lèvres, sans le moindre regard vers nous. D’ailleurs, le chef n’a pas arrêté de fumer. La « blanquette de veau à l’ancienne » et la « salade de fruits » que j’avais commandées n’étaient pas encore prêtes. Ce n’est pas en arrivant à 11h, en passant plus de temps en salle qu’en cuisine et en fumant comme un pompier qu’on peut préparer blanquette et salade de fruits. Quand on pense qu’ils n’ont que deux mois d’ouverture ! Dans deux ans, ils arriveront à midi et ils fermeront à midi trente pour cause de clientèle absente.
Paul Bianco
L’ASSIETTE PROVENÇALE1
589, avenue de la mer
83140-SIX FOURS
Tél. 04.94.25.49.60