CONTRÔLE DE LA CRITIQUE
CRITIQUE ETERNELLE
ET PRESSIONS DIVERSES
Aussi ordinairement que les soldes, le passage à l’heure d’hiver, les chiffres du chômage et les promos du sauté de veau pendant les vacances scolaires, les gémissements des pleureurs professionnels dégoulinent sur notre travail de guide régional. En effet, le cuisinier en particulier et le restaurateur en général apprécient bien peu quand « Le Bouche à Oreille » donne un avis négatif sur son établissement! On peut le comprendre! Ça fait jamais plaisir! Mais lorsque un établissement positivement référencé par nos services quelques années auparavant devient peu fréquentable à nos yeux, pire encore! On se ramasse une volée de bois vert! Au pilori! Fusillons le malotru! De quel droit donnez-vous désormais un mauvais avis sur mon établissement? Seul un cuisinier peut juger un autre cuisinier! Pire: un avis émis par un guide gastronomique devrait être éternel! Immuable! Gravé dans le marbre! S’ensuit généralement des accusations de traficotage ou de financement occulte! On serait très riche depuis le temps! Quoiqu’il en soit, il est infiniment plus facile de nous affubler de tous les défauts de la terre que de se poser des questions dérangeantes liées à ses propres incompétences!
Tout bouge! Le monde bouge!.. mais figée doit être la critique qui les concerne! Amusant: les chefs ont souvent la morale facile quand ils expliquent crânement à leurs apprentis que « rien n’est jamais acquis! »… sauf pour eux-mêmes! Bon un jour, bon toujours! Moi cuisinier sait mieux que personne ce qu’il faut penser de moi. Le peuvent à la rigueur des confrères de la marmite et de la passoire et encore, faut qu’ils émargent dans le même club qui les conforte dans la croyance d’appartenir à une élite intouchable. C’est tellement plus simple ainsi! Chacun son boulot et c’est ainsi mes biens chers frères que fourchettes et couteaux seront bien gardées! Amen.
Loin de nous l’idée de comparer les pressions corporatistes reçues au « Bouche à Oreille » aux considérables pressions portées contre le fameux Guide Rouge*. N’empêche que nos détracteurs, cuisiniers épinglés ou rétrogradés, aiment à lancer la rumeur comme quoi « faut payer le BàO pour être bon » ou « si tu payes pas, ils te mettent un zéro ». Sans jamais donner d’exemples puisqu’ils n’existent pas. La fabrique du doute, en somme. Une méthode lobbyiste. On connait la musique. Sauf qu’une rumeur reste une rumeur, et que les aigris restent des aigris. Dans les faits, « Le Bouche à Oreille » existe depuis 25 ans sans la moindre subvention… et seul le lecteur décide qu’il vive ou disparaisse!
Olivier Gros
* Lire dans ce numéro « L’Os et l’Arête » « Ducasse VS Michelin »