Pour les ignares du sigle, ça veut dire « appellation d’origine contrôlée ». Pour certains restaurateurs peu scrupuleux, ça veut dire « appellations d’origines cumulées ». En clair, le mélange des fonds de bouteilles. Bien sûr, dans le tas, il se trouve des restaurateurs intègres et respectueux de leur clientèle, il y a une infime partie qui joue le jeu de l’honnêteté, mais ils sont rares. Très rares de cracher sur cet inestimable « coeff » qui s’annonce à 100% puisque le liquide est déjà payé. Ils sont rares ceux qui vont cracher sur une telle manne, eux qui ont la manie et à juste titre de trouver qu’on les prend pour des vaches à lait. Et quand vous demandez un vin au verre, il n’est pas rare de vous entendre dire pour toute réponse, « c’est un AOC ». Même en insistant sur la provenance du domaine vous n’en saurez pas plus. Pourtant, ils l’achètent bien quelque part ce vin, dans un domaine, une coopérative ! en ont-ils si honte pour en cacher ainsi l’origine ? Ben justement oui car l’origine, c’est un mélange de multiples domaines qui participent sans le savoir à ce jeu de massacre. Certains, plus vicieux, viennent vous servir à la bouteille avec son étiquette comme pour assurer qu’on sert bien le vin du domaine annoncé, comme si c’était une preuve irréfutable ! En général les faussaires de l’appellation, vous les identifiez à ces particularités que le vin est une piquette redoutable doublée d’une générosité dans le remplissage du verre qui est assez ostentatoire. On essaie de noyer le doute par des largesses qui ne sont pas de mise quand il s’agit bien d’un grand domaine à l’authenticité avérée. Puis, il y a cette tarification un peu fantaisiste que vous voyez affichée sur l’addition. J’y ai vu avec stupéfaction des verres facturés 65 E, véritables picrates qu’ils qualifient de vin. Si vous voulez savoir à quelle catégorie de restaurateurs vous avez à faire, vous demandez de quel domaine provient le pichet en verre et si on vous répond, c’est un AOC, vous êtes fixé sur son origine, récupération de fonds de bouteilles ou « RFB ». Les deux derniers restaurants en date qui m’ont fait le coup de l’AOC c’est « la bouée » du Lavandou et le « petit prince » de Cabris. Comme par hasard leur vin n’était pas terrible.
Paul Bianco