UN VILLAGE GAULOIS
Les ventes de la version papier du guide Michelin sont en chute libre –600000 exemplaires en 1989 et 43000 en 2019– la parution du pavé annuel disparaitra bientôt en France: le Guide Rouge en Belgique sera exclusivement numérique en 2022. Nouveau modèle économique, la présence sur le site Michelin est payante pour un restaurant, faut bien vivre avec son temps et après tout, les cobayes du Guide Michelin payent bien leurs repas non? Avec ses 12 testeurs en France pour 15715 établissements sur son site au moment où j’écris, gare à l’indigestion!
De peur d’être dépassé par la concurrence du digital, le Guide Rouge s’acoquine dans des fiançailles douteuses à l’ogre TripAdvisor en décembre 2019. Concluant « un partenariat de contenu et de licence ». Profitant d’une image iconique auprès des cuisiniers, le Guide Michelin sert désormais de rabatteur pour les attirer dans l’escarcelle de l’ogre TripAdvisor. Commentaire de Bertrand Jelensperger vice-président directeur de TripAdvisor Restaurants et PDG de LaFourchette: « Nous allons bientôt rendre plus visibles les restaurants réservables sélectionnés par Michelin sur nos plates-formes afin de mieux servir nos utilisateurs et d’attirer les bons clients vers chaque restaurant. » On ne peut être plus clair. Confirmation de l’extension du domaine de la brute: le Guide Rouge cède sa filiale de réservation par Internet Bookatable à La Fourchette rebaptisée TheFork, elle-même propriété de TripAdvisor!
Les américains bouffent les états voisins, les russes bouffent les états voisins, TripAdvisor dévorent les sociétés voisines pour contrôler le marché et imposer son modèle dans un monopole considérable. Les clients de restaurants mais plus encore les professionnels de la tambouille en sont les victimes! Problèmes de personnel, crises sanitaires, ententes entre fournisseurs des produits… Emmêlés dans les problèmes du quotidien, les cuisiniers n’ont pas tous déchiffré l’entourloupe organisée sur le moyen et long terme. Où ils n’auront pas d’autre choix que de céder une commission à une société tiroir-caisse pour chaque repas de client amené dans leur restaurant. Les restaurateurs sont cernés et les clients aussi… sauf ceux qui lisent le Bouche à Oreille!
Un village peuplé d’irréductibles cuisiniers résiste encore et toujours à l’envahisseur numérique. Sa potion magique? Sur son site Internet, Le Bouche à Oreille ne fait pas de remises à l’amateur de restaurants puisque ce client y va parce que c’est bon.
Je vous laisse découvrir dans nos pages de papier ou numériques les bons restaurants testés.
Olivier Gros