FACEBOOK ET COMPAGNIE
« SI C’EST GRATUIT, LE PRODUIT C’EST VOUS »
Les réseaux sociaux sont une réalité du monde actuel. Dans le cadre de « l’information », les journaux « version papier » classiques apparaissent pour beaucoup comme décalés, figés. « Le Bouche à Oreille » trouve intérêt dans le numérique, toucher beaucoup de monde rapidement etc. Et puis c’est gratuit. Enfin presque. Gratuit, mais on le paye cher. Car voilà. Parfois Facebook (et le moteur de recherche Google aussi) change autoritairement ses paramètres, ce qui le regarde. Sauf que des effets collatéraux s’ensuivent pour le « pro » qui base exclusivement sa communication sur Facebook, ce qui n’est pas notre cas.
Je suis novice mais j’ai compris que désormais Facebook choisit ce qu’il décide que vous voyiez sur son fil selon des critères définis en fonction de vos habitudes d’utilisateur. Conséquence: pour une entreprise comme un restaurant qui tiennent une « page pro » Facebook, la péripétie se traduit parfois par moins de visites et de « j’aime ». Sauf à jouer « au chat et à la souris » en passant des journées entières devant son écran pour tenter de contourner les stratégies des informaticiens de Facebook, le système incite clairement l’entrepreneur angoissé par sa « visibilité » à acheter des publicités payantes à Facebook! Ceci afin d’augmenter cette visibilité disparue au fond des méandres du mystère des abysses où un machin compliqué s’amuse à calculer à notre place ce qui nous plait et ce qui ne nous plait pas! Comme si on n’était pas assez grand! Il s’appelle « algorithme » et il est très à la mode. C’est lui le patron, il modélise son business pour faire de l’argent. Là est le faux « gratuit » évoqué plus haut.
Sauf qu’à titre personnel quand je lis un article, ce qui m’intéresse n’est pas ce que je connais déjà, mais ce qui éveille ma curiosité. Autrement dit, quand Facebook m’impose une publicité ou un article ciblé en fonction de mes hypothétiques préférences décelées par le fameux algorithme, il se plante. Ce n’est pas parce que j’apprécie la tête de veau ravigote qu’une info sur une expo de verre de Murano ne m’intéresse pas. Plus largement, ce n’est pas une froide info AFP qui retient nécessairement mon attention, mais son traitement par un journaliste. Et par extension, le média où il s’exprime.
Il existe de nombreux restaurateurs cumulant sans discernement les (fausses) remises au client via le site « La Fourchette » (propriété de TripAdvisor) et une page Facebook dont l’utilisation optimisée devient à pas de loup l’interface payante entre entreprises et clients. Tout comme la télé: rappelons-nous du fameux « temps de cerveau disponible pour acheter du Coca ».
Tendance: les tables modeuses et urbaines à la furtive existence. Au bout de 2 ans, tchao, je me tire en douce, je vous laisse toutes les obligations dévolues aux seuls romantiques du métier qui existent depuis longtemps, les loyers impayés, l’Urssaf à régler, personnel sur le carreau, fournisseurs plantés et je recommence ailleurs sous un autre nom avec (à nouveau) exonérations de tous ordres car je suis un entrepreneur moi môssieur. Pour ce profil de tables, user des outils de com’ (La Fourchette-tripAdvisor-facebook-Groupon) pour monter rapidement en température est justifié et presque obligatoire tant le dopage accélère la performance sur le court terme. Mais pour le « restaurateur-artisan » désireux de s’inscrire dans la durée, formateur depuis toujours d’apprentis, qui payent ses fournisseurs, se fait assommer de charges car il rémunère correctement son personnel, il est totalement suicidaire d’accepter un rapport de force entre lui petit commerçant local, et les gros machins informatiques financiers mondiaux qui contrôlent la com’. On frôle la soumission et la servitude volontaire. Car devinez qui gagne toujours?
Nous-autres du « Bouche à Oreille » on s’en fout un peu remarquez, des réseaux sociaux et compagnie. Pas question de rejeter l’outil numérique, on le trouve même formidable. Rappelons que nous possédons un site Internet depuis septembre 2000 (le 1er en France concernant les restaurants), une page Facebook et une application gratuite utilise pour trouver un restaurant à côté de chez soi. Mais nous sortons scrupuleusement chaque trimestre depuis bientôt 28 ans notre brûlot version papier, solide fondation de notre mission. Et puis, un avantage du guide « papier » que confirmeront nos fidèles lecteurs qui aiment bien manger avec le sourire: ça marche même en cas de panne d’électricité ou de défaillance Internet!
Olivier Gros