Beaucoup de détermination dans l’art de vous en mettre plein la vue.Le chef joue sur la corde sensible du client : les images. Donc une imagination débordante ! et porteuse d’étoile au miche ! Ça commence avec des amuse-bouche à ne plus en finir, Mixtures en tout genre dans des verres. Un folklore et une débauche d’amuse-bouche pour impressionner le client. Et voilà ce qui plaît au miche. Ce déguisement grossier ! Comment peut-on se laisser avoir de la sorte ? La parade des multiples trouvailles de l’entrée servies dans des socles tous différents a même séduit la tante ! Pourquoi pas l’inspecteur du guide rouge. Pour l’esbroufe, Laurent Petit s’avère imbattable. Pour ce rayon, on pourrait lui mettre trois étoiles. Chaque plat, et il y en a, est une recherche esthétique. On se laisse aller a des exclamations ! et du coup on est piégé ! On croit à une cuisine raffinée ! on jure même que ce sacré miche ne s’est pas trompé ! Pourtant lorsque les minutes s’égrènent, le doute vient brouiller la bonne appréciation du début. On constate avec le recul qu’on s’est emballé un peu vite. Seule la tante s’entête à défendre ce type de cuisine basée uniquement sur la présentation. Mais Mauricette, la connaissant un peu, n’a pas le sens du reniement. Si elle a dit, rien ne pourrait l’obliger à se désavouer. Le plus étonnant, c’est qu’un inspecteur du célèbre guide lui est collé une étoile ? C’est même ahurissant car si on cause essentiellement cuisine, celle de Laurent Petit, elle vaut à peine celle d’un restaurant de quartier qui pratique le terroir. Sans plus ! avec des produits irréprochables d’accord ! et tout de même, une terrasse exceptionnelle avec vue ! vue sur le lac et Annecy ! ça change tout ! pour mettre tout le monde dans sa poche y a pas mieux ! ne dit-on pas qu’on commence par manger avec les yeux ! Pourtant, on continue avec son palais ! ça a l’air de rien un palais mais tout se joue là ! et lorsque j’ai goûté « l’épaule d’agneau confite aux haricots tarbais », j’ai eu comme un doute qui disparaissait. J’étais en train de déjeuner sur un deux chandeliers et demi que le Miche avait gratifié d’une étoile. Au même titre que Pétra et Bajade. De quoi se poser des questions ! L’objet de cet « os et l’arête » est de dire aux candidats acharnés du macaron, faites de la surenchère dans le moindre détail et vous serez apprécié par le plus grand nombre, le miche compris. Si vous voulez vérifier par vous même, c’est à Annecy le vieux et ça s’appelle le clos des sens. Même le nom est ronflant. Par contre si vous voulez un tuyau où le chichi n’est pas de rigueur et où la cuisine est d’un raffinement sans appel, vous pouvez vous rendre dans le centre d’Annecy. L’enseigne est « l’atelier gourmand ». Et gaffe, le restaurant est également affublé d’une étoile. Non seulement, ça n’a rien à voir mais on change de vue sur le mot gastronomie. Mais y a pas vue !
Paul Bianco