PASSÉDAT EN VEUX-TU EN VOILÀ:
LE MACARON QUI CACHE LA FORÊT
Avec le recul (ou pas d’ailleurs) il est parfaitement affolant de constater la facilité avec laquelle nous-autres consommateurs de journaux, radios, télé, nous nous plantons peu finement le groin dans la moindre chausse-trappe médiatiquement organisée. A la vitesse où galope l’information, la sortie du miche 2008 début mars n’est déjà plus qu’un petit point dans le rétro. Après pas mal d’hésitation, on a quand même voulu mettre un coup de gueule. Mais à froid!
PASSEDAT: UN COIFFEUR ET LA VUE MER
La troisième étoile filée au gominé de l’Anse de Mallormé a mis en ombre les incroyables sanctions locales dont nous affuble le miche 2008. Macaroné? Le « Péron »? Pas grand monde chez les pro de la plume n’a causé de ça. Normal. Pas grand monde n’y mange, excepté le client matuvu friand à exhiber son 4X4 ou sa nouvelle montre. Le BàO est partagé avec lui-même car il a remarqué qu’il était de bon ton de critiquer cette table, même lorsqu’on n’y a pas trempées les moustaches. En tous cas, belle vue mer… Comme « La Villa Madie » à Cassis surtout réputée pour l’instant par son clash entre les ex-associés Jean-Marc Banzo et Enrico Bernardo. Le célèbre sommelier n’aura même pas eu le temps d’ouvrir ses valises et ses flacons! Cette adresse fait se poiler la plupart des consommateurs de resto avisés. Contrairement au commentaire du journaliste recopieur droit dans ses bottes qui reste ankylosé et respectueux devant l’autorité bibendumesque, le commentaire du client commun est détaché de toute pression. Bref! Celui-ci avait sous le coude des relations bien placées dans le monde de la cuistance notamment anglo-saxonne dont il est issu: le « Vivier » aura atteint son objectif d’étoile! Très bon cuisinier, Patrick Fischnaller aura quand même sacrément progressé depuis notre passage! Ou alors il a embauché! D’ailleurs son brillant prédécesseur a filé à Eyragues (13) et fait toujours partie des négligés de « l’objective » bible rouge! Et Reboul à Aix? Parti de Valrugues (13) en catastrophe! Euphémisme! Malgré les délais d’impression du miche, il aura eu le temps d’alpaguer au vol une étoile pour sa nouvelle boutique d’Aix-en-Provence. Parfait hold-up! Ça sert les relations! Car les esprits taquins noteront que sa société a été créée seulement le 21 septembre 2007! Quand le miche a pu manger chez Reboul? Tandis que celle d’un oublié évident comme Eric Sapet de la remarquable ‘ »Petite Maison » à Cucuron (84), créa sa boutique seulement le 26 mars 2007! 7 mois avant pourtant! Des lunettes, m’sieur bibendum?
INEPTIES EN CHAINE
Le « Charles Livon » de Christian Ernst demeure « espoir pour une étoile ». « Espoir » qui rime avec « purgatoire ». Ça lui apprendra à ne pas avoir la vue mer. Et puisque le marchand de pneus a du mal à se procurer des infos conformes à la réalité du terrain, allez, on n’est pas mesquin, on en file une: Christian Ernst vend son affaire et « recentre » son activité. C’est qu’à un moment, les médailles et les bons points… Toujours dans le registre des excellents cuisiniers qui ne cherchent pas à faire copain-copain avec la faune journalistique et les faux-amis au sein de clubs de cuisiniers nombrilistes, on trouve « Alain Assaud » de St-Rémy (13) et Jean-Philippe Lequien de « Cyprien » (Marseille). Pour les punir de rendre leurs clients heureux de se régaler à prix très corrects, le miche sucre leur « bib gourmand » qui sanctionnait leur bon rapport qualité prix. Miro du haut de son petit nuage blanc et l’index péremptoire, le miche est bien le seul à ne pas avoir remarqué que le prix des matières premières alimentaires avait bigrement grimpé! Du coup, les cuisiniers pourtant sourcilleux de la calculette n’ont pas eu d’autre choix que d’augmenter, un petit peu. Le premier menu de Cyprien est à 24€… N’empêche que pfffuit! Envolé le bib! Encore un décalage qui éloigne « guides » et « clients »: plus que jamais ces derniers se précipitent à ses deux adresses! Guides ou pas guides!
LE VAR: LES DOLLARS OU L’HEREDITE
Si nous nous attachons à décrypter les mouvements dans les Bouches-du Rhône, c’est qu’il y a matière. Le Var reste engoncé dans sa problématique de département touristique incapable globalement de se remettre en cause. Les « affaires » à vendre sont hors de prix pour un jeune couple et du coup, le sang neuf abandonne le combat faute de banquier avisé qui fait son travail ou d’héritage bienvenu. Cette fin d’hiver aura été triste pour deux remarquables cuisiniers installés dans le Var avec la fermeture de « l’Ensouleillado » à Cotignac, et le départ du couple Noël d’ « Urbain Dubois » à St Zacharie. A bien regarder, seules les affaires financières comme l' »Hôtel du Castellet » qui s’offrent de brillants mercenaires, ou familiales reprises par la descendance comme « Bérard » avec les parents derrière qui marinent dans la sphère d’amis influents sont étoilées par le miche. Cherchez l’erreur. Alors qu’il suffit au cobaye de « guide » de posséder des yeux et surtout une bouche pour mener à bien un travail d’information. Mais les yeux et la bouche sont inutiles quand on est sur un petit nuage blanc…
Olivier Gros