GÉNÉRATION C
CALIFE À LA PLACE DU CALIFE
L’expérience, c’est du temps qui passe…et des confirmations! Le regroupement de cuisiniers dans des sortes de clubs, au sein d’associations diverses autant que variées va souvent à l’encontre des intérêts de la majorité des individus qui compose ses mêmes associations. Question de rapport au pouvoir. Plus les têtes de gondoles égotiques sont placées haut dans la hiérarchie, plus elles écartent les coudes dans la rétine du voisin pour éviter qu’il vienne lui faire de l’ombre. Les assemblées de cuisiniers n’échappent pas à la règle. En haut, ce sont les Robuchon et Ducasse qui se frictionnent la toque. En bas de l’échelle, c’est un restaurant qui tire la tronche car un confrère vient de s’installer juste en face de chez lui. C’est la nature de l’homme: il cherche le monopole qui protégerait ses intérêts. Et puis vous avez des soucieux du bizness comme Lionel Lévy (Table au Sud, Marseille). Pas fou, il s’entoure de troisième couteau comme Sébastien Richard (La table de Sébastien à Istres (13)) bien connu dans le monde de la cuistance pour ses crises de nerfs à cause de n’avoir jamais eu d’étoiles au Miche. Dans l’espace marseillais et un peu autour, Lionel Lévy ne veut surtout pas de cuisinier meilleur que lui dans « son » association « Génération C »*! Ou le meilleur chef côtoie le pire! Un club de cuisto-bobo avides de prendre le pouvoir aux guides nationaux installés et boiteux malgré la poétisation de son discours**. Ça existe depuis longtemps, les cuisiniers se rassemblent sous une bannière clubiste en arguant comme noble prétexte l’accointance intellectuelle et le bien de son prochain, alors qu’il ne s’agit que de se rassurer entre copains porteurs des mêmes angoisses existentielles (on est pareil) et au passage, de se satisfaire l’ego démesuré (je suis le meilleur). Les « Maîtres Restaurateurs Varois » dont le BàO a souvent évoqué les frasques en sont un autre exemple. Témoins de l’envie des chefs de doper leur ambitions, incapables de répondre à l’attente du lecteur et emberlificotés dans leur problème de crédibilité qui s’enfuie à toutes pages, les grands guides nationaux se questionnent: comment garder le pouvoir face aux chefs! On n’en sort pas!
Olivier Gros
* à lire en ligne
**« Elle porte des jeans fashion, des boucles d’oreille, des cheveux blancs… rasta ou rasés, hussard de la cuisine hexagonale, chefs gastro, gérants de restau, toques brûlées et toques en stock, dissidents de la sacro-sainte gamelle française, cuisiniers évolutifs, pas figés dans la gelée, l’œil hors frontière, le cœur tricolore, de Paris et d’ailleurs… Libre, jeune, engagée, ouverte, la Générations cuisines et cultures est née. Et si elle porte un « s », c’est que cette famille transcende les âges, s’ouvre aux échanges, prône la différence, assume sa liberté pour mieux ruer dans les casseroles. »