« Food Business », le livre:
Ca va pas plaire à tout le monde !
J’ai acheté le livre « Food Business »*, dont on entend beaucoup parler. Lu, aussi. Je le précise, car s’il y a des « critiques gastronomiques » qui parlent de tables où ils n’ont jamais mangé, le pendant « littéraire » de la profession bénéficie probablement du même type d’usurpateurs. J’ai acheté et lu, donc. Voilà une enquête à plusieurs facettes portant sur l’histoire et le monde de la gastronomie, des critiques, les systèmes opérants entre tous les acteurs visibles et invisibles, le (ou les) bénéfice (s) divers dont profitent certains, et des méthodes de roulage dans la farine du lecteur. C’est écrit simplement et on y apprend bon nombre de choses. De ce qu’on sait par nous-même ou qu’on a pu vérifier, il est plutôt bien renseigné, le pavé. Et puis voilà qui nous confirme au niveau hexagonal ce que la rédaction du BàO s’esbigne le tempérament à dénoncer depuis plus de 13 ans dans ses pages régionales : les pratiques douteuses des guides, les associations de « chefs », les tirages de guides surestimés, chef-critique « copains-coquins », etc. Bref. Le dimanche 14 mars 2004 au soir, le faux-impertinent (encore un !) Marc-Olivier sur France 3 proposait dans son émission télé « on ne peut pas plaire à tout le monde » un plateau (repas ?) avec un des trois auteurs anonymes de « Business food » masqué façon carnaval de Venise, Jean-Pierre Coffe qui vient vendre son nouveau bouquin et André Daguin, président de l’UMIH le syndicat patronal des hôteliers-restaurateurs. Pour faire court, Coffe et Daguin ont tiré « à vue » sur l’homme masqué toute l’émission. Et Fogiel qui file les cartouches, s’ingénie à remettre de l’huile sur le feu dès que son oreillette lui beugle « le rythme baisse, coco ». Passons. On n’apprend rien, on comprend rien. Mise en scène lamentable, même si on est habitué au registre « grandes gueules » de Coffe et Daguin. Et au style poseur arrogant de Fogiel, comme d’habitude intraitable avec l’anonyme et beaucoup plus accommodant avec l’habitué des plateaux télé. Au chapitre donneur de leçon, le promoteur de Carrefour et de Mc Do Jean-Pierre Coffe (rappeler vous les coups de promos !) ferait bien de la jouer un peu plus modeste. Bref. Du coup, comme téléspectateur ce soir-là, je me suis dit : « bon sang ! Mais alors… si le livre ne plait pas à ces deux-là (Daguin et Coffe), c’est qu’il s’y dit un certain nombre de vérités ?». Bingo ! Après lecture, je confirme que les auteurs de « Food Business » mettent les pieds dans le plat !
Olivier Gros
* « Food Business » la face cachée de la gastronomie française. First Editions 19,90€
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