Méfiez-vous des réponses ! Selon la réponse, vous avez le contenu qualitatif du repas. D’une façon auditive et presque définitive, le test est réalisé ! La question était : « au service de midi, vous prenez jusqu’à quelle heure ? » Si on vous répond jusqu’à 14h d’une façon aimable, c’est plutôt bon signe. Après, y a comme une hiérarchie dans les tranches horaires. 13h30, c’est l’espoir de faire encore un bon repas. Mais le dégradé file vers le manque de motivation, donc le risque de tomber sur un restaurant moyen ou médiocre. 13h15, c’est le début d’une légitime suspicion. Comme un message du restaurateur vous signalant qu’il n’est pas là pour faire plaisir mais plutôt pour faire son métier, rien de plus. Son métier consistant selon son idéologie à faire à manger. Pour le reste, faut voir ailleurs. Dans le cas de figure extrême où le restaurateur vous annonce qu’il consent à prendre l’empêcheur d’aller se reposer en rond jusqu’à 13h, dépêchez-vous de raccrocher ou de lui répondre que malheureusement ce ne sera pas possible car vous ne pourrez jamais arriver avant 13h01, à cause de la circulation, des nouvelles limitations de vitesses très strictes et de votre femme qui met un temps fou à se maquiller. Là, vous êtes assuré à 90 % de faire un repas déplorable. Avec en prime, un accueil de guerrier, un service fatigué et un bombardement intensif d’incongruités. Sans oublier des plats aux formulations aux fins lointaines, si lointaines que lorsque vous y arrivez, vous avez oublié le début. Il faut donc recommencer. Au plus l’heure de réception se raccourci, au plus la phrase est longue sur le menu. Y a des règles comme ça qui sont incontournables ! Observez un restaurant aux allures simples, à la cuisine sans apprêt, sans titres ronflants, aux prix populaires, hé bien ce restaurant là trouvera le temps de vous accueillir très tardivement et en prime de vous faire bonne figure. C’est une question de principe je vous dis ! Alors, on vous rétorquera que la bonne cuisine ça se fait pas comme ça, qu’il y a cuisine et cuisine et qu’un bon chef a droit lui aussi à ses 35 h et patati et pataquès ! Bref, les autres, les moins bons, enfin selon eux, n’y ont pas droit puisqu’ils servent longtemps après eux. Vous pourriez aussi me demander, si vous avez bien lu mes assertions, si le bon restaurant est une question d’heure. Non, bien sûr car l’exception confirme la règle. Au BAO, on connaît bon nombre d’établissements bien notés qui sont chiches sur les horaires. D’ailleurs, l’idée germe dans nos têtes, oui on en a, d’indiquer les horaires de prise de commande. Dernier détail, prudence également sur ce restaurateur qui sur un ton martial et dans le moindre mot de bienvenue, vous lancera tout à trac : « je vous écoute ». Le présage s’annonce mauvais. A éviter de toute urgence.
Paul Bianco