ON NE PEUT PAS PLAIRE À TOUT LE MONDE
Chacun trimballe son guide « Bouche à Oreille » dans le ciboulot. Si on exclut ceux qui nous passeraient direct au peloton d’exécution, corporatistes de la soupe comme le syndicat des restaurateurs « UMIH », nombrils en toque « maitres-restaurateurs » ou bien les confréries financées par le lobby de l’agro-alimentaire et l’impôt comme « Gourméditerranée », tous sont plutôt d’accord pour que vive not’ impertinent guide de restaurants… mais à leur manière: celle qui les arrange le mieux!
Untel voudrait que tous les restaurants de la région y figurent, ça ferait plus sérieux. Un autre voudrait être testé tous les 3 mois, alors même qu’il figure dans le Guide Rouge qui ne l’a jamais testé. Un trouve que le numéro 92 est d’une meilleure cuvée syntaxique que le 93. Lui pense que « Le Bouche à Oreille » est « trop dur » tandis qu’à contrario, un autre affirme qu’il mollit. Faudrait pour quelques-uns qu’il soit imprimé sur du papier glacé et brillant, un peu comme le catalogue Ikéa. Faudrait aussi que les restaurants soient classés par catégories, car quand même, ranger dans le même guide des étoilés et des pizzerias, on ne mélange pas les torchons et les serviettes! Lui voudrait être le seul restaurant référencé de sa circonscription! Qu’un tel ne mérite pas tant d’éloges alors que lui naturellement les mérite, et que pourquoi ceci, et que pourquoi cela. Et que « Le Bouche à Oreille » devrait être contrôlé par la chambre de commerce parce que quand même, avec les impôts qu’on paye… et d’abord de quel droit « le Bouche à Oreille » se permet-il de critiquer tel confrère alors qu’il n’a pas la notoriété du Michelin? Et que les dessins sont parfois trop osés pour ce cuisinier coincé tandis qu’une fois seule, sa femme nous glisse dans un sourire canaille « n’écoutez pas mon mari, ils sont très bien, vos dessins ».
Alors bon. Not’ guide un peu décalé des coutumes établies et non-conformes aux usages du milieu de la sauce déboussole. On peut toujours essayer d’améliorer « le Bouche à Oreille », c’est en notre pouvoir. Mais faire 50 guides différents pour faire plaisir à tout le monde, on peut pas, vraiment. Excusez-nous. Nous allons être obligés de continuer à faire comme on veut.
Olivier Gros