Voir un couple, la soixantaine probablement, faire autant de ménage corporel, avant, pendant et après le repas comme je l’ai vu, c’est terrifiant ! Lui, qui sort à tout bout de champ son mouchoir des familles, grand comme un couvre-lit et qui souffle dedans à perdre haleine et elle qui avale un cachet toutes les 5 minutes tels des mini trous normands pharmaceutiques, juste après une petite rasade de rosé, ça peut faire réfléchir tout chef normalement constitué sur l’utilité de son travail ainsi que le chroniqueur gastronomique que je ne suis pas. Pour faire bonne mesure et le plein de mauvaises sensations, lui s’ingénie à rajouter de l’eau dans son rosé. Ça finit par donner un rosé blanc tout à fait original Martial ! Et ça boit ça madame ! Forcément avec un litre, ils en font deux ! Encore des malins ! Entre deux blancs rosés, lui marque le tempo par des opérations nasales dans le couvre-lit. Terrifiant ! A l’heure qu’il est, il a dû souffler une bonne dizaine de fois. Pauvre mouchoir ! C’est plus un couvre-lit, c’est un champ d’épandage. Ce sketch à la Muriel Robin a fini par détraquer quelque peu mon appétence. Entre deux bouchées, l’homme sortit son index et l’appuya sur une dent de devant comme pour la remettre en place. Quand il lui reste un peu de temps, parce qu’il mastique beaucoup, il lève la main pour réclamer du pain. Ou il s’extasie devant le garçon sur la sauce. Bref, y a pas trop de creux dans son existence. Hop ! le gugusse ressort son couvre-lit à peine le garçon reparti ! Et ainsi de suite ! Ça boustifaille, ça mastiquaille et ça mouchaille en continu ! J’ai fini par regarder mon assiette, uniquement mon assiette pour arriver à finir mon repas normalement. La seule fois où j’ai dressé la tête, c’est pour l’aperçevoir la louche à la main en train d’assécher avec rudesse un pauvre poêlon rempli d’un bouillon, étonné par tant de succès. J’ai replongé mon regard dans mon assiette pour ne plus en bouger. Terrifiant !
Paul Bianco