Il aura fallu tout de même attendre 60 ans pour voir enfin une biographie du grand, de l’inénarrable, du magicien Bruno. Certes, on aurait pu vivre encore avec ce lourd fardeau, ce grand vide, cette injustice intellectuelle mais rien n’aurait été pareil. Fort heureusement et grâce à l’ancien journaliste de RMC, Bernard Spindler, le mal est réparé. Il ne reste plus à chacun d’entre nous qu’à acheter l’ouvrage. Et au vu et entendu de la médiatisation orchestrée autour de l’ouvrage, il sera difficile d’y échapper. On a envie de dire : bravo les artistes ! On savait que ce n’est pas l’entregent qui faisait le plus défaut à Bruno et on savait qu’une ancienne grosse pointure des ondes ne peut pas s’être coupé du cercle des solides amitiés dans le monde de la presse. D’ailleurs, il semble que le produit a été d’abord conçu comme un formidable produit de marketing car additionner ces deux sommités du spectacle ne pouvait déboucher que sur un triomphe de la médiatisation. On a donc eu le privilège d’entendre Bruno déclarer sur FR3 qu’il était tout simplement un magicien alors que l’intervieweur lui demandait qui il était. Après Merlin l’enchanteur, voici donc venir Bruno le magicien. Comme quoi, quand on a une haute opinion de soi, il ne faut pas hésiter à la rendre publique. Et quand on a eu une grand-mère comme la sienne, ne pas faire l’impasse sur son existence. Ne pas omettre également, pour ajouter du piquant et de la gloire sur une ascension fulgurante, qu’on est l’ami de Robert de Niro et Pierre Arditi. Rien de moins. C’est plus impressionnant que d’être l’ami de Mauricette. Et pour les truffes, puisque le titre du livre est : ”Bruno, l’enfant qui aimait les truffes“, le grand homme les a tellement aimées qu’il a fini par mélanger les genres et les provenances. Mais on ne va pas lui reprocher ce genre de détail insignifiant pour ne pas dire ridicule. En parlant de ridicule, notre Bernard Spindler national ne recule devant aucune épithète enflammée pour cerner le personnage. Sous la plume du journaliste de Var Matin, on peut lire tout de même textuellement : …”le succès planétaire de monsieur truffes”. Si je n’étais pas fou, je crois bien que j’en tomberais à la renverse.
Paul Bianco