Big Fernand restaurant Toulon – On sortait d’un rendez-vous d’ordre administratif et Mauricette avait les nerfs à vif. Un coin de rue du centre-ville, boulevard Leclerc et avenue Jean Moulin, entre ici dans un boucan de bagnoles à vous couper l’appétit. Les façades du gros Fernand sont vitrées, font ce qu’elles peuvent pour freiner les décibels de l’extérieur. Avec nos deux dégaines de bourgeois déchus fin 18ème on se plante à une table. Et puis la serveuse vers la porte se penche de derrière son comptoir telle l’hôtesse de l’air qui fait remarquer qu’on n’a pas mis notre ceinture mais pour nous dire que faut commander ici, vers elle et le tiroir-caisse. Comme des clients font la queue, certains nous jettent des regards noirs du genre on n’a pas que ça à faire on a un travail nous, les autres ont pitié à voir deux vieux désocialisés.
Bref! 6 « hamburgés » dont on sait déjà que les photos affichées ne correspondront pas à la réalité vécue. Tentative humoristique dans les intitulés. Pour 16€, c’est hamburgé+Fernandines (des frites)+breuvage sans alcool. Point commun de nos deux hamburgers: mous et tièdes avec graines de sésame (j’adooore), et de formes pratiques évitant le dégoulinage sur les doigts. Pain brioché et (trop) sucré. Le Victor de la dame au chapeau vert: haché de veau français, fourme d’Ambert, oignons confits et coriandre (j’adooore aussi) et une mayonnaise sucrée. Elle l’a trouvé plutôt bien, j’étais étonné de la voir faire sa goulue dans de grande bouchée en tenant l’objet de son désir avec ses gants de soie. 13/20. Mon mien s’appelle Bartholomé: bœuf limousin ou charolaise demandé saignant mais la viande est blanche, raclette de montagne virile au lait cru, poitrine de porc fumée radine de la lamelle, oignons confits et ciboulette (pas sentie), sauce barbecue très décevante. 11/20. Nos frites ne sont pas bonnes, des fraiches livrées sous-vide par le fournisseur, celles aux reflets verts souvent rencontrées, pas folichonnes en bouche. Les boissons s’essayent (aussi) à l’humour dans leurs sobriquets: « Thélixir », un thé qui « permet de calculer la racine carrée de 351483773 » et Elixir, un soda grenadine trop sucré qui « facilite la procrastination ». La porte des cuisines indique « abattoir à pommes de terre » et les tabourets sont baptisés individuellement ile de raie, repose-lune, pet-ché mignon, piste à string et d’autres encore.
Le problème avec cet état d’esprit rigolard imposé, c’est son décalage intégral avec un personnel triste comme un jour sans pain, et la clientèle urbaine de 30/40 ans fréquentant l’adresse, pâlotte du minois, comme blasée de tout aux illusions envolées et tristes également dans un endroit qui s’évertue à vouloir les faire rire. C’est un peu comme si Buster Keaton racontait une blague salace de Jean-Marie Bigard, comme si MacDo était écolo parce qu’il met du vert partout dans sa com’: ça ne fonctionne pas, les planètes ne sont pas alignées.
Big Fernand restaurant Toulon – On sortait d’un rendez-vous d’ordre administratif et Mauricette avait les nerfs à vif. Un coin de rue du centre-ville, boulevard Leclerc et avenue Jean Moulin, entre ici dans un boucan de bagnoles à vous couper l’appétit. Les façades du gros Fernand sont vitrées, font ce qu’elles peuvent pour freiner les décibels de l’extérieur. Avec nos deux dégaines de bourgeois déchus fin 18ème on se plante à une table. Et puis la serveuse vers la porte se penche de derrière son comptoir telle l’hôtesse de l’air qui fait remarquer qu’on n’a pas mis notre ceinture mais pour nous dire que faut commander ici, vers elle et le tiroir-caisse. Comme des clients font la queue, certains nous jettent des regards noirs du genre on n’a pas que ça à faire on a un travail nous, les autres ont pitié à voir deux vieux désocialisés.
Bref! 6 « hamburgés » dont on sait déjà que les photos affichées ne correspondront pas à la réalité vécue. Tentative humoristique dans les intitulés. Pour 16€, c’est hamburgé+Fernandines (des frites)+breuvage sans alcool. Point commun de nos deux hamburgers: mous et tièdes avec graines de sésame (j’adooore), et de formes pratiques évitant le dégoulinage sur les doigts. Pain brioché et (trop) sucré. Le Victor de la dame au chapeau vert: haché de veau français, fourme d’Ambert, oignons confits et coriandre (j’adooore aussi) et une mayonnaise sucrée. Elle l’a trouvé plutôt bien, j’étais étonné de la voir faire sa goulue dans de grande bouchée en tenant l’objet de son désir avec ses gants de soie. 13/20. Mon mien s’appelle Bartholomé: bœuf limousin ou charolaise demandé saignant mais la viande est blanche, raclette de montagne virile au lait cru, poitrine de porc fumée radine de la lamelle, oignons confits et ciboulette (pas sentie), sauce barbecue très décevante. 11/20. Nos frites ne sont pas bonnes, des fraiches livrées sous-vide par le fournisseur, celles aux reflets verts souvent rencontrées, pas folichonnes en bouche. Les boissons s’essayent (aussi) à l’humour dans leurs sobriquets: « Thélixir », un thé qui « permet de calculer la racine carrée de 351483773 » et Elixir, un soda grenadine trop sucré qui « facilite la procrastination ». La porte des cuisines indique « abattoir à pommes de terre » et les tabourets sont baptisés individuellement ile de raie, repose-lune, pet-ché mignon, piste à string et d’autres encore.
Le problème avec cet état d’esprit rigolard imposé, c’est son décalage intégral avec un personnel triste comme un jour sans pain, et la clientèle urbaine de 30/40 ans fréquentant l’adresse, pâlotte du minois, comme blasée de tout aux illusions envolées et tristes également dans un endroit qui s’évertue à vouloir les faire rire. C’est un peu comme si Buster Keaton racontait une blague salace de Jean-Marie Bigard, comme si MacDo était écolo parce qu’il met du vert partout dans sa com’: ça ne fonctionne pas, les planètes ne sont pas alignées.