DOMAINE DE LA NERTHE

Domaine de la Nerthe restaurant Gignac-la-Nerthe – J’étais content d’être ici, vous pouvez pas savoir! Dégoter une bonne table dans le coin n’est pas une sinécure et on m’avait sifflé aux oreilles le bon plan, plusieurs fois même. C’est le cas pour ce qui est du contexte environnemental, un parc bien entretenu avec un chemin qui mène à la bâtisse principale, une bastide bourgeoise qui fait hôtel avec dans l’axe de la porte d’entrée une piscine hollywoodienne. L’ancien domaine viticole possède un beau cachet. Comme il fait encore beau temps, le service est en extérieur sous d’immenses platanes: la meilleure climatisation qui soit. J’étais bien, doigts de pieds en éventail, même si la serveuse surchargée de boulot est un peu stressante, elle fait des kilomètres entre cuisine et table du client. Une marathonienne bien seule à œuvrer au service vu la trentaine d’attablés ce midi.

Aucun tarif des eaux, ni celui du café. Je sais déjà que je n’en prendrai pas. Carte avec 7 entrées de 10,50€ à 17€, 10 plats de 16€ à 25€, les desserts plus sages ne dépassent pas les 8€. Un « menu express » possible, précisément une formule à 23€. Un menu à 32,50€ clôture la proposition. A la carte pour 12€, j’en bavais par avance de plaisir: tatin d’endives au bleu d’Auvergne. Le genre de recettes aux produits simples qui maitrisée avec doigté régale. D’ailleurs tu regardes la photo de cette tatin sur Facebook, tu grimpes aux rideaux. Tu l’as sous le pif, tu te mets une gifle. M’arrive comme une mise en bouche, base pâte feuilletée carbonisée par le four, brûlée. Comment peut-on servir un truc pareil? Une simple tartelette et non une tatin, d’ailleurs. Des fibres d’endive sont touillées avec le fromage, ensemble un peu gras. Non indiqué dans l’intitulé, le cuisinier appose dessus une brunoise de poivrons crus totalement incongrue vu le registre septentrional de la recette. « Ouai mais ça met de la couleur ». Oui je sais, mais on s’en fout. Mesclun du sachet en prime. On se croirait au mariage de ma sœur avec les assiettes du traiteur. 7/20. Plat tape à l’œil, bien présenté: canard confit revisité, jus aux agrumes. Cerclage de viande d’un canard émietté non retravaillé, juste avec du gras ajouté. Pas bon et un peu rance, j’ai presque tout laissé sur le bord de la route. Le reste est mieux: légumes frais dont quelques bouts de carottes poêlées et une asperge verte du Pérou, c’est la mode. Le jus n’a pas tellement le gout d’agrume, plutôt de fond de veau en poudre. Le très bon, c’est la purée de pomme de terre moulinée beurrée, un délice qui sauve un peu le plat. 19€ pour un 12/20 de justesse grâce à la purée.

Le patron est bien à son affaire, va de table en table faire causette. Grosse déception, cuisine approximative bien trop chère pour ce qu’elle est, qui essaye de vous en mettre plein les yeux alors qu’elle manque de fond de jeu. La cuisine proposée et la philosophie de travail devront s’ajuster au niveau des ambitions et du lieu. Qui mérite d’être connu. Quel bel endroit! Et quelle déception!