LE RELAIS DU SERRE

Le Relais du Serre restaurant à Dieulefit – Vieille auberge en bord de départementale 538, celle qui amène à la stricte ville. On vous oblige à vous poser en terrasse-velum, un four en plein cagnard, c’est là qu’on met tout le monde. Une étuve qui fabrique les auréoles sous les bras. Oui mais comme ça, on n’a pas à nettoyer notre intérieur, comprenez-vous. Le couple fait dans le directif avec des manières en ronds de jambes. Le monsieur déroule dans l’obséquieux, comme s’il recevait Pompidou sorti de sa DS devant sa modeste demeure, alors qu’il ne s’agit que de Mauricette et ma pomme.

Une fois assis, le dab se débarrasse de notre cas en refilant les cartes imprimées avec menus 28€ et 32€, puis retourne faire causette à une table de 4. Il n’a pas amené de pot d’eau à table, comme ça se fait pour étancher la soif du chaland qui sue. Il est malin, il attend qu’on commande à boire du payant, ça rapporte mieux. A son retour je lui fais remarquer que contrairement à nous, la table de 4 personnes visiblement importante bénéficie d’ardoises de plats. Et aussi que j’ai vu à l’entrée l’annonce d’un menu à 17€ non présenté par lui: « on le présente que si on nous le demande » qui m’dit. La blague. Bref! On pige vite l’attrape-nigaud qui fait le plein l’été pour passer l’hiver au chaud. Avec Mauricette, on pige à cet instant l’irréversibilité de l’enfumage global. Directe pour elle brochette de bœuf marinée, aux légumes d’été, thym et fleur de sel. Viande fibreuse de type onglet, convenable. Piteuse et insupportable sauce de type ketchup chargée en fond de veau en poudre, et pour « légumes d’été » des patates cuites à l’eau vaguement poêlées. Et un flan de courgettes pas bon, comme une panacotta trop gélifiée. 9/20 et 18€. Même garnitures pour ma picanha de veau grillé sauce hollandaise (veau Vittelier origine Drôme). « Les Vitelliers » étant le veau vendu dans le catalogue « Miko relais d’Or ». En prime, une sous-ratatouille pas bonne avec du concentré de tomate, acide. Pas de « picanha » comme annoncée: coupe de viande spécifique de type barbecue. Un petit bout de 150 grammes prédécoupé comme bouilli, sec. Inutile de prendre le meilleur produit du monde si c’est pour le flinguer de la sorte. Dans une verrine, la prétendue sauce hollandaise n’a rien de la recette: comme une sauce blanche à kebab avec des bouts de champignons de Paris. Ni citron, ni beurre, ni vinaigre, ni jaune d’œuf. 8/20. On a évité les desserts, faut pas nous en vouloir. La table ronde de 4 est décidément une table importante, elle bénéficie de pains individuels présentés dans un panier dédié tandis que le client commun (nous) a droit à un mauvais pain sec coupé d’avance.

Le couple de tauliers ne ménage pas ses efforts de courbettes à l’endroit des édiles attablés, caresses dans le dos du patron, et gnagnagna. Les chaises en métal sont inconfortables et comme on sue, forcément qu’on colle. A 13h46 on lève le camp, on fuit la boutique qui transpire (elle aussi) d’une culture de restaurant des années 70/80 où on pouvait faire n’importe quoi. Estanco comme une mandale hypocrite dans le pif qui vous fait déchanter avec ses plats trafiqués. En fin de service en attendant que les clients se barrent enfin, les patrons déjeunaient au frais à l’intérieur. Eux.