Le « Château de Richebois » à Salon de Provence
Madame, vous qui rentrez tout juste du Club Méd’, debout devant les fourneaux à manger un artichaut, au quidam invité dans vos cuisines que je suis, vous n’hésitez pas à confier vos croyances et certitudes choquantes sur le monde pourri qui vous entoure. Alors moi, je préfère me cloîtrer dans un confortable anonymat, préférant l’avantage d’écouter vos inepties à celui d’un dialogue jugé impossible. Et même que « le Michelin, on les a foutus dehors à coup de pieds au cul ! » et que le « Bouche à oreille », « c’est faux ce qui disent des restaurants ! ». Sur qui par exemple ? Euh…Pas de réponse, rien, le vide. Même avec le soutien émouvant de votre chef, vos arguments resteront définitivement à marée basse. Finalement, à intervalles réguliers, telles de poussives vaguelettes s’échouant sur mes dix orteils aussi libres de leurs chaussures que le Bouche à Oreille de ses opinions, vous répéterez que : « de toutes façons, c’est faux ce qui disent » ! Nous voilà fixés sur votre réflexion. C’est que, il y a 5 ans nous vous avions déjà testés et critiqués. Sans nous présenter. Vous confirmez par deux fois : « Ma fille voulait leur casser la gueule ! ». Puis, allez comprendre, vous critiquez sévèrement « Robin » du « Mas du soleil » à Salon, ce qui aurait pu nous faire un point commun. Mais franchement Madame, vous qui rentrez juste du Club Méd’, debout devant les fourneaux à manger un artichaut, je ne suis pas habitué à autant d’aigreurs et de vulgarité. D’autant que vous possédez un château du 17ème siècle que Pierre-André de Suffren, gentilhomme provençal, occupa. Libre à chacun de critiquer ou d’être en désaccord avec notre guide. C’est même tant mieux. Mais pas comme vous. Car vous, vous êtes simplement contre ce qui est opposé à vos intérêts directs, ou ce qui paraît l’être. Sans discernement. Nous ne vivons pas dans une société à laquelle vous rêvez peut-être. Nous préférons la raison qui éclaire à la passion qui aveugle. Dommage, votre château est superbe, le chef a quelques prédispositions, le serveur est convivial. Même que Madame, vous qui rentrez juste du Club Méd’, debout devant les fourneaux à manger un artichaut, j’ai pas envie de faire une « chute » rigolote. Mais puisque vous avez remarqué que pendant mon repas je feuilletais un livre, je vous en confie un court extrait : « c’est une tendance qu’on retrouve chez les […] et qui consiste, faute de talent authentique, à fienter autour des oeuvres de ceux qui en ont, pour se donner l’illusion qu’ils existent. » Pierre Desproges.
Olivier gros