CHAPEAU DE PAILLE

Chapeau de Paille restaurant Saint-Rémy-de-Provence – Décorum calibré pour le fantasme du parisien en goguette provinciale, du comme à la campagne pour les évadés de l’urbanité qui rêvent de grands espaces et d’oxygène. Dedans c’est pas grand. Mes quiquis, la cuisine tient sacrément la route. Alors bien sûr c’est pas donné, mais comme ils sont visiblement 4 à travailler ici, ça veut (peut-être) dire que chacun est payé correctement. Et puis les produits qu’on gobe sont bons, les produits bons sont généralement plus coûteux à l’achat que les mauvais. Et puis on sait bien que ceux qui gagnent le plus d’argent dans cette ville sont les bailleurs de fonds qui encaissent les loyers des restaurateurs consentants. Enfin bon.

Alors arrêtez de vous plaindre! Quoi? Moi? Je ne me plains pas… Ou si peu. Un menu à 32€ sans choix dérivé en formule à 24€ (juste le midi) avec velouté de carotte à la fleur d’oranger, œuf parfait et poutargue. Equilibre global parfait, l’idée est pourtant casse-gueule dans ses associations mais ici, ça passe à l’aise. 15/20. Pour plat principal magret de canard rôti, céleri-rave braisé au vin rouge. Un peu court: un demi-magret. Ou un tiers de gros, allez savoir. Mais du bon, pas du bulgare décongelé à 5,9€ le kilo. Y en a plein ailleurs dans la ville, cherchez un peu, je vais pas faire tout le boulot. Bref! Deux gros quartiers rustiques de céleri-rave imbibés du fessier avec une sauce au vin rouge. Et puis, un jus réduit formidable et sans traficotage. Impec avec le magret, et saucer avec le bon pain campagnard du voisin de la Maison Bergese est un bonheur. 15/20 encore. 24€ la formule. Un très bon cuisinier planqué derrière le (bon) produit, il déroule une cuisine franche et goûteuse exonérée du moindre matuvu et de frime mal placée. Service un poil théâtral de la patronne, elle en fait un peu trop pour vendre des boissons à l’attablé qui se sent culpabilisé, j’ai entendu des dames ronchonner. Café vendu 2,5€. Fut-il bon, c’est chérot. Le plus important reste que les enfants mangent comme les grands: demi-plat et demi-tarif.

Ça en dit plus que tous les discours du monde sur un esprit, une philosophie. D’ailleurs j’arrête de causer. Juste: si vous êtes dans le coin à baguenauder lascivement en zieutant les vitrines comme sur les Champs-Elysées, trainez-vous donc la gaufre jusqu’ici en évitant les calamiteuses taules à pigeons qui vous refourguent du piètre à prix d’or.