VILLAGE DE CARCÈS (83)
APRÈS 13H POUR MANGER, FAUT PAS CHERCHER MIDI À QUATORZE HEURES!
Hors-saison à Carcès (83), trouver un restaurant n’est pas de tout repos. Ce joli village touristique au cœur du Var posé à une vingtaine de kilomètres de Brignoles m’a mis de sale humeur alors que franchement, c’est pas pour me vanter, mais je suis plutôt de bonne composition et souvent joyeux. Un midi de fin septembre 2019, je pile devant « L’Oie qui Boit« *:« changement de propriétaire »! Il est précisément 13h09. Bonjooour… possible de manger un bout? L’air ahuri, le couple nouveau venu me scrute comme si j’étais témoin de Jéhovah. Couple qui m’éructe un antipathique: « non, c’est trop tard ». Bing sur la carafon, prends ça Gaston. Ni désolé ni rien, comme « un va te faire voir » décomplexé, non mais les gens se permettent de ces trucs à notre époque, j’te jure, t’imagines même pas: les gens veulent manger à 13h, non mais franchement, tout va à vau-l’eau. Bref: 13h09 et on ne sert plus. Il se trouve que j’y suis revenu le mois suivant: comme par hasard la cuisine est très peu intéressante*. Mais passons: allons voir ailleurs. 13h18, j’arrive au « Saint-James », un nouveau restaurant avec une cuisine créole dedans, si j’ai bien lu et compris. Eux sont sympathiques. Le couple est confus, il est tard, on ne sert plus. Ils auraient probablement pu faire un effort mais bon, c’était beaucoup leur demander, cet esprit un peu dilettante fréquent chez les gens qui viennent des iles et n’ont pas de montre, un rapport au temps curieux, un style de vie. Ils me confient sur le ton d’un léger dépit que même, ils repartiront probablement « là-bas » au plus tôt, visiblement épuisés. Bon.
Récapitulons:
« L’Oie qui Boit » refuse le client à 13h09
« Le Saint-James » refuse le client à 13h18
C’est terrible d’entrer chez des commerçants d’un village qui vous font sentir que l’été et sa manne touristique sont passés par là, que vous n’êtes qu’un client de seconde zone puisque non-touriste, que nous-autres restaurateurs après la saison on en a plein les fouilles pour passer l’hiver au chaud, et que même si on pouvait se passer des clients ça serait bien volontiers parce qu’on fait beaucoup d’heures. Et puis c’est plus comme avant à part les étrangers qui aiment bien la région et qui ont des sous parce que la clientèle locale, bonjour.
Un peu dépité, je chois finalement avec bonheur sur un établissement central brasserie-bar que j’avais sérieusement épinglé voilà une paire d’années lors d’une gérance hasardeuse. Le proprio de « L’Olalpa » a depuis repris du service, une très bonne chose. On n’y accueille désormais aimablement le client, même après 13h30. Et les tarifs ne vous prennent pas pour un saoudien en goguette. De plus la cuisine débrouillarde est fort correcte: le restaurant était plein. Une bonne publicité pour le village. Pas le cas de tout le monde.
Olivier Gros
*https://www.le-bouche-a-oreille.com/resto/loie-qui-boit-restaurant-carces/